Styela suluensis, Monniot & Monniot, 2003

Monniot, Françoise & Monniot, Claude, 2003, Ascidies de la pente externe et bathyales de l’ouest Pacifique, Zoosystema 25 (4), pp. 681-749 : 717-718

Styela suluensis n. sp.

( Fig. 28 )

MATÉRIEL TYPE. — Philippines. 14°00.6’N, 120°18.4’E, 195 m, 31.V.1985, holotype (MNHN S1 STY 282).

ÉTYMOLOGIE. — Du nom de la localité type: archipel de Sulu aux Philippines.

AUTRE MATÉRIEL EXAMINÉ. — Philippines. 11°36’N, 121°43.5’E, 180 m, 5.VI.1985, 2 spécimens.

DESCRIPTION

Le plus grand des trois spécimens mesure 18 mm de diamètre avec son revêtement sableux mais seulement 10 mm sans les rhizoïdes qui couvrent complètement le corps. Bien que les rhizoïdes soient un peu plus courts sur la face dorsale, les siphons qui ne sont pas saillants restent invisibles. La tunique est résistante mais mince. Le manteau laisse voir par transparence le tube digestif et les gonades ( Fig. 28A, B ). Les muscles radiaires sont nets sur les deux siphons mais se confondent rapidement avec le feutrage musculaire qui couvre tout le corps.

Les tentacules sont peu nombreux, six longs du côté ventral. Le vélum buccal a une marge ondulée. Le bourrelet péripharyngien est circulaire, sans indentation dorsale ( Fig. 28C ). Le tubercule vibratile est saillant, ouvert en une fente transversale.

Le raphé, élevé, a une marge lisse. La branchie est mince, avec trois plis de chaque côté selon la formule:

D.E. 9 (6) 10 (12) 12 (12) 11 R. 12 (6) 15 (15) 10 (8) 8 E.G.

Le premier pli à gauche manque chez l’un des exemplaires. Les mailles branchiales contiennent deux ou trois stigmates longs, recoupés par un à trois sinus parastigmatiques. Il y a un à deux stigmates par maille sur les plis.

Le tube digestif est situé très postérieurement ( Fig. 28C ); il occupe moins de la moitié de la face gauche du corps. L’oesophage est court, l’estomac nettement élargi est allongé et muni d’une vingtaine de côtes dans sa partie cardiaque qui s’amenuisent vers le pylore. Il y a un petit caecum digitiforme appliqué sur l’estomac. L’intestin iso-diamétrique se rebrousse dès son origine pour former une boucle fermée et rejoindre l’oesophage. Le rectum est long, indépendant du manteau et du raphé, terminé par un large anus à lobes digitiformes.

Les gonades, une de chaque côté, sont situées au milieu des faces latérales du corps ( Fig. 28A, B ). Elles se composent d’un ovaire allongé, sinueux, dont l’extrémité aveugle est coiffée de lobules testiculaires ( Fig. 28D ). Les canaux mâles convergent vers l’axe de l’ovaire pour former un spermiducte commun qui longe la surface interne de l’ovaire ( Fig. 28D ). La papille femelle est sessile, la papille mâle un peu plus longue lui est accolée et la dépasse ( Fig. 28D ).

Il y a quelques endocarpes autour des gonades et dans la boucle intestinale ( Fig. 28C ).

Le siphon cloacal a un vélum couvert de très nombreux tentacules cloacaux filiformes. Des filaments ramifiés s’étendent également sur un champ dorsal qui atteint presque le niveau du ganglion nerveux ( Fig. 28C ).

REMARQUES

Parmi les espèces de Styela à corps couvert de rhizoïdes, peu d’espèces ont à la fois trois plis branchiaux, une gonade de chaque côté et plusieurs endocarpes. Styela profonda Sluiter, 1904 diffère par sa boucle intestinale longue, un anus lisse et des ovaires rectilignes.

L’espèce identifiée au Japon comme Styela coriacea hemicaespitosa Ritter, 1913 par Nishikawa (1991) est certainement la même que Styela suluensis n. sp., mais ne correspond pas à l’espèce S. hemicaespitosa Ritter, 1913 qui a quatre plis branchiaux, une ou deux gonades de chaque côté et la gonade gauche croisant le rectum. S. suluensis n. sp. se rapproche de S. meteoris Monniot C., 2002 du golfe d’Aden par son habitus, sa gonade unique de chaque côté et trois plis branchiaux. Elle en diffère par la musculature, ici beaucoup plus faible, plusieurs endocarpes de chaque côté et un ovaire sinueux.

Figures

FIG. 28. — Styela suluensis n. sp.; A, B, faces droite et gauche du corps; C, spécimen ouvert; D, gonade. Échelles: A-C, 5 mm; D, 1 mm.