Simnia Risso, 1826

Dolin, Luc & Ledon, Daniel, 2002, Nouveaux taxons et discussion de la systématique des genres correspondants d’Ovulidae (Mollusca, Caenogastropoda) de l’Éocène inférieur de Gan (France), Geodiversitas 24 (2), pp. 329-347 : 341

Genre Simnia Risso, 1826 ( Fig. 5A, B, E, F )

Calpurna Fleming, 1828: 331 . Espèce type: Ovula leathesi Sowerby, 1825 (par monotypie); Plaisancien (Pliocene supérieur), Grande-Bretagne.

Neosimnia Fischer, 1884: 664 . Espèce type: Bulla spelta Linné, 1758 (par désignation originale); Récent, Province méditerranéenne.

Subsimnia Cate, 1973: 72 . Espèce type: Neosimnia bellamaris Berry, 1946 = Ovula loebbeckeana Weinkauff, 1881 (par désignation originale); Récent, Californie (n. syn.).

Spiculata Cate, 1973: 82 . Espèce type: Ovula loebbeckeana Weinkauff, 1881 (par désignation originale); Récent, Californie (n. syn.).

Turbovula Cate, 1973: 102 . Espèce type: Radius brevirostris Schumacher, 1817 (par désignation originale); Récent, Indo-Pacifique (n. syn.).

ESPÈCE TYPE. — Simnia nicaeensis Risso, 1826 = Bulla spelta Linné, 1758 (n. syn.) (par désignation subséquente Gray, 1847); Récent, Province méditerranéenne.

DISCUSSION

Le taxon nominal Simnia nicaeensis Risso, 1826 repose sur le spécimen juvénile (MNHN-BIMM, coll. Risso), unique ( Schilder 1932: 55 infra, 62 n° 1, pl. 5, fig. 66), d’une espèce caractéristique de la Province biotique méditerranéenne: Simnia spelta (Linné, 1758) , à dent rachidienne de la radula caractéristique, trapézoïde, munie seulement de trois cuspides latérales isocèles ( Vayssière 1923: 97, pl. 14, fig. 215). Les Simnia ont une coquille extrêmement plastique, plus ou moins striée concentriquement, à lèvre externe épaisse, marginée, de section arrondie, et surtout présentent un funicule adapical torse, saillant, occupant une position transverse.

En dépit d’une certaine convergence morphologique, les Simnia ne peuvent pas être confondues comme ce fut le plus souvent le cas ( Risso 1826: 235; Fischer 1884: 664, 665; Schilder & Schilder 1971: 75, 76) avec les Xandarovula de Cate (1973: 34) . Tant par leur anatomie que leur éthologie, X. patula (Pennant, 1777) , espèce type de la Province est-Atlantique ( Cate 1973: 34, 35, figs 67, 67a, 67b), X. xanthochila (Kuroda, 1928) du Japon ( Cate 1973: 35, fig. 68) ou X. purpurea ( Risso, 1826) de la Province ouest-Méditerrannée ( Schilder 1932: 55, pl. 5, fig. 67), en forme de bulle, translucides, se distinguent de toutes les autres Ovulidae par la disparition d’un ensemble de caractères: pli terminal, fossula, denticulation des lèvres interne et externe, bourrelet labral. Les caractères de la radula confirment d’ailleurs que les Simnia n’ont effectivement aucun rapport direct avec les Xandarovula . En effet, X. purpurea ( Vayssière 1923: 95, pl. 10, fig. 155) possède notamment une dent radulaire rachidienne rectangulaire, à cuspide centrale longue et acérée, à six cuspides basilaires latérales, dent radulaire rachidienne plus proche de celle de Ovula ovum , triangulaire, à cuspide centrale aiguë et six à huit cuspides latérales ( Vayssière 1923: 93, pl. 13, fig. 202). Enfin, l’animal de X. patula (clichés MNHN- BIMM, mer d’Alboran) présente l’arrangement des caractères chromatiques de Diminovula punctata (Duclos, 1831) de l’Indo-Pacifique ( Mase 1989: pl. 1, fig. 1a-d). Les Xandarovula , prédateurs mimétiques des alcyonnaires, appartiennent donc aux Ovulini Fleming, 1828, tandis que les Simnia prédateurs mimétiques des gorgonaires appartiennent aux Volvini Schilder, 1932 .

Notons qu’en démembrant les Simnia, Cate (1973) a d’une manière générale élevé les variations intraspécifiques au rang spécifique, tandis qu’il a élevé les caractères interspécifiques au rang générique. Ainsi les taxons Subsimnia , Spiculata et Turbovula ( Fig. 5E, F ) ne reposent-ils sur aucun critère significatif, qu’il s’agisse de caractères morphologiques de la coquille ou de caractères anatomiques de l’animal. Totalement injustifiés ils sont ici placés en synonymie de Simnia . Le genre Simnia apparaît au sommet de l’Éocène inférieur, avec S. pacaudi n. sp. décrite ci-dessous, première réelle occurrence de ce genre au monde.

Figures

FIG. 5. — A, B, Simnia pacaudi n. sp., vue ventrale et vue latérale externe, holotype MNHN-LP n° R63015 (coll. J.-M. Pacaud), h. 18,9 mm, Gan (La Tuilerie); C, D, Sandalia vibrayana (Raincourt, 1870), vue ventrale et détail du pli terminal, spécimen MNHN-BIMM (coll. L. Staadt), h. 10,2 mm, Mons-en-Laonnois (hameau des Creuttes), Aisne (France); E, F, Simnia brevirostris (Schumacher, 1817), vue ventrale et détail du pli terminal, spécimen MNHN-BIMM (coll. L. Dolin), h. 21,3 mm, Cebu Isl. (off Punta Engaño), Philippines; G, Phenacovolva angasi (Reeve, 1865), vue ventrale, spécimen MNHN-BIMM (coll. L. Dolin), h. 15,9 mm, Cebu Isl. (off Punta Engaño), Philippines. Échelles: 5 mm.