Cynorkis micrantha (Frapp. ex Cordem.) Schltr.

Pailler, Thierry, Gauche, Mirana, Silva, Denis da & Besse, Pascale, 2024, Position taxonomique de Hemiperis micrantha (Frapp. ex Cordem.) Schltr. (Orchidaceae; Orchidoideae; Habenariinae), par séquençage des gènes ITS et matK, Adansonia (3) 46 (14), pp. 149-155 : 153-154

Cynorkis micrantha (Frapp. ex Cordem.) Schltr.

( Figs 2 ; 3 )

Beihefte zum Botanischen Centralblatt 33 (2): 401 ( Schlechter 1915). — Benthamia micrantha (Frapp. ex Cordem.) Hermans & Hervouet, Flore des Mascareignes, Orchidées 2023 (1): 118 ( Hermans & Cribb 2023), nom. illegitim., non Benthamia micrantha (Suksd.) Druce , Botanical Exchange Club of the British Isles (Manchester), Report 4: 299 ( Druce 1916). — Basionyme: Hemiperis micrantha Frapp. ex Cordem., Flore de La Réunion (Frappier in Cordemoy 1895: 239).

MATÉRIEL TYPE. — France • La Réunion, Tampon , Plaine des Cafres, Piton Rouge; 1900 m; 9.III.2004; Pailler 167; néo-, REU [ REU007364 ]) ( Fig. 2 ) .

DISTRIBUTION. — Espèce endémique de La Réunion (et Madagascar?), localement commune à La Réunion et rapportée d’Angavokely à Madagascar ( Hervouet 2018) où sa présence reste à confirmer ( Hermans & Cribb 2023).

ÉCOLOGIE. — L’espèce croît sur les hauts sommets de l’île de La Réunion à des altitudes comprises entre 1250 et 2200 m. Elle se développe le plus souvent sous forme de petites colonies peu denses, contenant de 5 à 10 individus, parmi des tapis de bryophytes dans les fourrés éricoïdes à Erica reunionensis E.G.H.Oliv.

PHÉNOLOGIE. — Fleurit en mars à La Réunion.

STATUT DE CONSERVATION. — À La Réunion, l’espèce est peu commune et se rencontre en populations dépassant exceptionnellement 10 individus. L’étendue de l’occurrence (EOO) de cette espèce est de 842 km ² et l’aire d’occurence (AOO) de 48 km ² (calculées à l’aide de GeoCat, Bachman et al. 2011). L’habitat originel de cette espèce sont les sous-bois clairs des fruticées à Erica reunionensis E.G.H. Oliv. ( Ericaceae ) ainsi que les talus ensoleillés des forêts de montagne, le plus souvent au milieu de bryophytes. Ces milieux subissent une forte pression principalement par deux espèces exotiques envahissantes: Ageratina riparia (Regel) R.King & H.Rob. , ( Asteraceae ) et Hedychium gardnerianum Sheppard ex Ker Gawl. , ( Zingiberaceae ). L’espèce, comprenant des sous-populations disjointes avec peu d’individus devrait être considérée comme En Danger, EN C2a selon les catégories et critères de la Liste rouge de l’UICN (UICN 2001).

MATÉRIEL EXAMINÉ. — France • La Réunion, Plaine des Palmistes , îlet Patience; 22.III.1896; Cordemoy 9; MARS • Le Tampon, Piton Mare à Boue; 1600 m; 30.III.1974; Bosser 21773; P [ P00150069 ] • Hauts du Tremblet; 1800-2000 m; IV.1978; Bosser 22462; P [ P02088075 ] • Bras Cabot , îlet Patience; 4.IV.1978; Bosser 22462; P [ P02088076 ] • Plaine des Palmistes ; 1350 m; 1.III.2002; Pailler 30; REU • Le Tampon, Plaine des Cafres , Piton Rouge; 1900 m; 9.III.2004; Pailler 167; REU [ REU07364 ] • St. Benoît , Caverne Mussard; 2300 m; II.2008; Férard et al. 3377; CBNM • Ste Rose , Nez Coupé de Sainte Rose; 1920 m; I.2010; Hivert et al. 3586; CBNM • St. Joseph , Foc-Foc; 2070 m; II.2010; Hivert & Férard 3587; CBNM • Entre Deux-Camp Marron ; 21°10’99”S, 55°29’35”E; 1750 m; 14.III.2021; Pailler TPC7; REU [ REU024580 , REU024581 ] ; Salazie , Piton marmite; 21°03’25”S, 55°27’12”E; 1780 m; 20.III.2021; Pailler TPC18; REU [ REU024562 , REU024563 ] .

DESCRIPTION

Petite plante herbacée stolonifère, à racine tubéro-fibreuse, presque nulle, formant rapidement 1(-4) tubercule(s) d’inégale(s) grosseur(s) (en moyenne 12 × 3 mm), oblong(s) et oblique(s) à la tige. Deux type de tiges. Tige feuillée non bulbeuse, portant une bractée engainante, lancéolée et courtement mucronée, axillant une feuille oblancéolée (1,5-4 × 20- 60 mm, pétiole compris), longuement pétiolée et brusquement rétrécie et apiculée au sommet. Tige florifère aphylle portant un pédoncule inflorescentiel (12-35 cm), vert, fin, érigé, légèrement comprimé au sommet, à 6-7 bractées (5-9 mm de long), engainantes, et apprimées à la tige, ovales, lancéolées, aiguës, la basale blanche, les autres vertes comme l’axe, plus rapprochées entre elles vers la base et le sommet. Epi terminal dense, cylindrique, 5-20 mm, comprenant 2 à 8(-12) fleurs, jaunâtres. Bractée florale (3 mm), apprimée à l’ovaire, verte, ovale, acuminée. Ovaire (6-7 mm), courtement pédicellé, tordu contre la tige, inséré à angle aigu ou obtus, arqué, vert à côtes saillantes violacées. Fleur à périanthe (3 × 2 mm) fermé ou ringent et auriculé. Casque surmontant la fleur composé des pétales et du sépale dorsal. Sépale dorsal (2,5 × 1,6 mm) ovale, lancéolé. Sépales latéraux (1,9 × 0,9 mm), formant les oreilles du périanthe, de forme similaire, obliques. Pétales latéraux (1,5 × 1,1 mm), 2-lobés, triangulaires. Labelle (3 × 1,8 mm) trilobé, faisant suite horizontalement à l’éperon, plus long que les autres pièces, formant une cuillère dans la partie basse et s’atténuant en une pointe aiguë. Eperon (1,5- 2,5 mm) cylindrique, arqué, blanc, diaphane, s’amincissant en pointe, aussi long que le labelle et de moitié plus court que l’ovaire. Gynostème dressé au milieu du périanthe, en forme de fer à cheval, concave à l’arrière et tronqué en avant. Anthères ouvertes, carénées au sommet, chacun des deux sacs polliniques dédoublés dans leurs loges en deux pollinies ovoïdes, renfermant du pollen sectile enveloppé dans une membrane. Caudicule courte, très élastique, argentée.

NOTE

Le lectotype désigné par Hermans & Cribb (2023) est cité aussi comme spécimen de C. falcata par Hermans & Cribb (2023:178), il s’agit d’une erreur. Le dessin de Lynda Gurr proposé parHermans & Cribb (2023: 119) correspond bien à C. micrantha . Enfin, il est possible que les tiges feuillées parfois observées deviennent florifères l’année suivante.

Remerciements

Nous tenons à remercier Thierry Deroin et Florent Martos (Muséum national d’Histoire naturelle, Paris), ainsi que Bertrand Mallet (Conservatoire botanique national de Mascarin, Saint-Leu), qui ont évalué cet article, pour leurs suggestions ayant permis d’améliorer grandement sa qualité. Emmanuel Côtez (pour le travail d’édition fourni) et Frédéric Henze (pour les photographies) sont également remerciés. Cette étude fait partie du programme de recherche et développement FRAG’ILE (FRAGmentation in InsuLar Environment) financé par l’Office national pour la Biodiversité (OFB) ainsi que du programme PLANT RUN DNA financé par l’Université de La Réunion.

Figures

FIG. 2. — Néotype de Cynorkis micrantha (Frapp. ex Cordem.) Schltr. hébergé à REU (REU007364).

FIG. 3. — Cynorkis micrantha (Frapp. ex Cordem.) Schltr. photographié in situ (photographies de Frédéric Henze): A, fleur vue de face; B, fleur vue de profil; C, inflorescence; D, feuille.