Androsace albimontana D. Jord. & Jacquemoud, 2020
publication ID |
https://doi.org/ 10.15553/c2020v751a14 |
DOI |
https://doi.org/10.5281/zenodo.5708643 |
persistent identifier |
https://treatment.plazi.org/id/B150234A-2F77-5D1D-4A0A-FC15EDD2FC3D |
treatment provided by |
Carolina |
scientific name |
Androsace albimontana D. Jord. & Jacquemoud |
status |
sp. nov. |
Androsace albimontana D. Jord. & Jacquemoud View in CoL , sp. nov. ( Fig. 4 View Fig ).
– Androsace sp. ( JORDAN, 2015: 89).
Holotypus: FRANCE. Haute-Savoie: Comm. de Chamonix, arête franco-suisse des Grandes Autannes, au SE du Col de Balme, rocailles, silice (granite), 2610 m, 9.VIII.1983, Jordan 6892 ( G [ G00410040 ]!) .
Ab Androsace pubescenti DC. valde corolla rosea, nec alba, pilis bifidis, nonnullis trifurcatis, nec totis simplicibus, tam habitatione in saxis siliceis, plerumque graniticis, interdum schistosis, in regione alpina vel nivale, nec abruptis calcareis regionis subalpinae. Ab Androsace alpina (L.) Lam. pilis non stellatis, nec adpressis valde differt.
Chamaephyte pérenne, formant des coussinets assez denses, constitués de tiges rougeâtres en faisceaux serrés, terminées par des rosettes de feuilles vertes, 3–6 mm de long, ovales ou lancéolées, entières, surpassant les feuilles desséchées et brunâtres des années précédentes. Feuilles de l’année vertes, à pétiole rougeâtre, oblongues-lancéolées, planes, entières, 5–10 × 0,8–2 mm, à extrémités parfois tachées de brun. Les deux faces foliaires sont pubescentes, portant des poils bifurqués à trifurqués mêlés à des poils simples, lâches, non appliqués, jamais étoilés, 0,2–0,3(–0,4) mm de long. Fleurs solitaires, 5–8 mm de long, plus courtes (1/2) ou aussi longues, rarement un peu plus longues que les feuilles, pédicelles à pubescence semblable aux feuilles; corolle rose à rose pâle, rarement blanche, à gorge jaune, diam. 5 mm, pétales obovales à lobes généralement arrondis, très légèrement échancrés au sommet, 4–8 mm de long, dépassant ± lmoitié du calice; calice 3–4 mm de long, à lobes aigus-lancéolés, pubescence similaire à celle des feuilles et pédicelles. Graines anguleuses, gris-noirâtres, ovales, 1,5–2 × 1 mm.
Etymologie. – L’épithète est la latinisation adjective de Mont-Blanc (albimons), massif montagneux dont est originaire la nouvelle espèce.
Distribution, écologie et phénologie. – Androsace albimontana pousse en France dans les massifs cristallins du Mont-Blanc et des Aiguilles Rouges de Haute-Savoie. En Suisse, on la retrouve dans le canton de Vaud dans le massif de Morcles (Croix de Javerne) et en Valais dans la partie valaisanne du massif du Mont-Blanc et dans les Alpes Pennines occidentales. En Italie, la nouvelle espèce existe très probablement dans le Val d’Aoste sur le versant méridional du Grand-Saint-Bernard et du Mont-Blanc et dans les Alpes Graies. Malheureusement, à défaut d’avoir pu examiner les échantillons correspondants, les données de VACCARI (1901, 1911) relatives à A. pubescens , tant dans la flore nivale du Mont-Rose que celle des zones culminales du Val d’Aoste, se rapportent très probablement à A. albimontana .
Sa fréquence est notable dans le massif du Mont-Blanc en Haute-Savoie, en particulier sur le territoire de la commune des Contamines-Montjoie et de sa Réserve Naturelle Nationale. Androsace albimontana affectionne tout particulièrement les moraines ( Fig. 4D View Fig ) et croît le plus souvent au voisinage de A. alpina . Dans le massif des Aiguilles Rouges (Réserve Naturelle Nationale), au contraire, A. albimontana occupe bien des milieux semblables (moraines, éboulis fixés de bas de pente, rochers), mais seule. Nous ne pouvons que constater cette absence de A. alpina dans les Aiguilles Rouges, sans en avoir d’explication plausible.
La nouvelle espèce a été observée dès 1860 m aux Houches en Haute-Savoie ( Jordan s.n.) et jusqu’à 3220–3240 m à l’Aiguille du Genépi à Chamonix (Gruaz s.n.), plus haute altitudquant aux observations effectuées au cours de la présente étude. La localité type se trouve sur l’arête franco-suisse des Grandes Autannes au SE du Col de Balme ( Fig. 2 View Fig ).
[A–B, D: Les Contamines, Armancette, moraine, 2200 m, 17.VII.2018; C: Vallorcine, moraine de Bérard, 1950 m, 20.VIII.2012]
[Photos: A–B, D: D. Jordan; C: P. Perret]
Androsace albimontana fleurit de juillet à août, parfois septembre.
Statut de protection. – Les trois espèces proches de la nouvelle espèce, A. alpina , A. helvetica et A. pubescens jouissent en France d’un statut de protection nationale. Il en est de même en Suisse, et a fortiori en Valais, pour ce qui concerne les androsaces du versant oriental du massif du Mont-Blanc ou des Alpes Pennines. Il semblerait donc judicieux d’appliquer également cette protection à A. albimontana .
Notes. – Androsace albimontana se distingue de A. pubescens par sa corolle rose et non blanche ( Fig. 4A–B View Fig ), sa pubescence composée de poils simples, lâches, entremêlés de nombreux poils bifurqués au sommet, voire trifurqués ( Fig. 3A View Fig ), et non pas toujours simples ( Fig. 3C View Fig ), par son affinité édaphique silicicole exclusive (rarement sur schistes), avant tout inféodée à des substrats granitiques, rochers, moraines ou éboulis fins à moyens (Androsacion alpinae) des étage subalpin supérieur à alpin, voire nival, et non pas chasmophyte calcicole, préférentielle des falaises compactes (Potentillion caulescentis), de l’étage subalpin à alpin, parfois sur rochers détachés ou éboulés.
Androsace albimontana se distingue de A. alpina , dont elle partage de façon partielle mais notable la distribution et l’habitat dans les secteurs étudiés de Haute-Savoie et de Suisse, par sa pubescence de poils lâches bifurqués voire trifurqués ( Fig. 3A View Fig ) et jamais étoilés, contrairement aux poils étoilés appliqués à pédoncules courts ( Fig. 3B View Fig ), conférant parfois à A. alpina un aspect quasi argenté («cendré» selon TISON & DE FOUCAULT, 2014: 928).
Les affinités taxonomiques de la nouvelle espèce sont à rechercher dans Androsace subsect. Aretia ( KRESS, 1997; DENTANT et al., 2018). Cette sous-section est caractérisée par des poils tecteurs atteignant 0,5 mm, des pédicelles floraux toujours sans bractées et un nombre chromosomique de base x = 10 ( KRESS, 1997: 32). Ce sont les quatre espèces alpines: A. helvetica : calcicole, fl. blanches, 2n = 40 ( FAVARGER, 1958); A. pubescens : calcicole, fl. blanches, 2n = 40 ( KRESS, 1963); A. alpina : silicicole, fl. roses (rarement blanc rosé), 2n = 40 ( FAVARGER, 1958); A. vandellii (Turra) Chiov. : silicicole, fl. blanches, 2n = 40 ( KRESS, 1963).
Dans le massif du Mont-Blanc, la mention de SAUSSURE (1796: 229) de Aretia helvetica (L.) L. ( Androsace helvetica ) au Col du Géant, à fleurs «ici blanches, là purpurines», attribuée à A. alpina par CHRIST (1883: 239), pourrait peut-être se rapporter à notre nouvelle espèce. Au Jardin de Talèfre (visité 5 fois entre 2004 et 2016 par DJ), c’est bien A. albimontana qui prospère et fleurit à sa partie supérieure (3030 m), et non pas A. alpina ( BUGNON, 1954) .
Les Pyrénées hébergent deux autres espèces de subsect. Aretia : A. ciliata DC. (préfère la silice, fl. rose intense, 2n ≈ c. 80; KRESS, 1963) et A. cylindrica DC. (calcicole, fl. blanches, 2n = 40; KRESS, 1963) et peut-être une troisième ( DENTANT et al., 2018). Notons que pour Grenier (in GRENIER & GODRON, 1852: 438), A. cylindrica était considérée comme un synonyme de A. pubescens . Cette ancienne synonymie est peut-être à l’origine des citations de A. pubescens dans les Pyrénées. Nous considérons que A. pubescens n’est pas présente dans les Pyrénées (J.-J. Lazare, pers. comm.) comme récemment démontré génétiquement ( SCHNEEWEISS et al., 2017).
Les massifs des Aiguilles Rouges et du Mont-Blanc semblent représenter l’épicentre de la distribution du nouveau taxon, dont le détail dans le massif de Morcles (Vaud) doit être étudié de près. En effet, la Dent de Morcles, à roches essentiellement calcaires, représente un modèle de la tectonique des nappes de charriages, dont les matériaux sédimentaires (appartenant aux nappes helvétiques) reposent sur les roches cristallines de la terminaison septentrionale du massif des Aiguilles Rouges. Sur le terrain, la situation n’est de loin pas aussi schématique ( BADOUX, 1971). Les récoltes provenant de la région de Javernaz, aux Plans-sur-Bex, entourés par la Pointe des Martinets et Dents de Morcles, conservées à G (Haller s.n.) et LAU (Bourgeois s.n., Muret s.n. et Wilczek s.n.) ne comportent que peu de précisions topographiques et encore moins d’indications géologiques ou pédologiques. Néanmoins, la plupart de ces récoltes possèdent bien les caractères du nouveau taxon. Il pourrait s’agir d’une trace d’un foyer ancien d’hybridation. Androsace pubescens ( GAMS, 1927) et plus encore A. helvetica sont présentes dans ces hautes Alpes calcaires (comprenant bien d’autres roches que le calcaire: marnes, grès, schistes, etc.) que sont les chaînes de Morcles, des Diablerets, puis du Wildhorn. Cependant, pour ce qui est de Morcles, le socle cristallin se situe à une altitude trop basse pour héberger A. alpina . L’origine de A. albimontana pourrait être recherchée dans un processus d’hybridation introgressive impliquant A. pubescens et possiblement A. alpina , ainsi que sur un horizon plus ancien A. helvetica ( MERXMÜLLER, 1952; KRESS, 1963), lors de leurs ré-immigrations respectives dans le massif Alpin ( OZENDA, 1983, 2002).
D’après ANCHISI et al. (1991) des croisements naturels et réciproques sont possibles entre A. alpina , A. pubescens et A. helvetica . Cependant, l’occurrence actuelle de tels hybrides inter parentes dans la région étudiée paraît très peu probable.
Paratypi. – FRANCE. Dept. Haute-Savoie: Moraine du glacier de Beaugeant, s/ Pierre à Bérard [massif des Aiguilles Rouges], 2300 m, VIII.1893, Briquet s.n. ( G); Chamonix, Aig. du Génépi, arête rocheuse, 3220–3240 m, 13.VIII.1992, Gruaz s.n. (Herb. DJ); Vallorcine , RN du Vallon de Bérard, Aig. du Chardonnet, moraine, 2500 m, 22.VIII.1997, Jordan (leg. Perret) 3185 (Herb. DJ); Chamonix , SE du Col de Balme, arête franco-suisse des Grandes Autannes, rochers, 2610 m, 17.VIII.2007, Jordan 6892 (Herb. DJ); Les Contamines , entre la Pte des Conscrits et le refuge, rive droite du glacier de Tré-laTête, moraine, 2750 m, 5.VIII.1986, Jordan s.n. (Herb. DJ); Les Houches , silice, 1860 m, 20.VIII.1996, Jordan s.n. (Herb. DJ); Vallorcine , Aig. Rouges, derrière le Col des Dards, dans le Vallon de la Balme, moraine, 2492 m, 19.VIII.2009, Perret s.n. (Herb. DJ) .
SUISSE. Valais: Distr. d’Entremont, versant N du Col d’Arpette, couloir rocheux, silice (granite), 2900 m, 27.VIII.1974, Jacquemoud 1023 ( G); ibid. loco, 27.VIII.1974, Jacquemoud 1024 ( G) . Vaud: Hauts éboulis de Javernaz , 2100–2200 m, VI.1886, Bourgeois s.n. ( LAU); Alpes de Bex, La Boulaire rochers en descendant sur Anzeindaz, 15.VII.1878, Chenevard s.n. ( G); Javernaz , flore rubro, s.d., Haller s.n. ( G); Arête de Javernaz , contre la Pointe des Martinets, 28.VI.1863, Muret s.n. ( LAU); La Tourche sur la Croix de Javernaz , Alpes de Bex , 2400 m, 1.VI.1906, Wilczek s.n. ( LAU) .
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No known copyright restrictions apply. See Agosti, D., Egloff, W., 2009. Taxonomic information exchange and copyright: the Plazi approach. BMC Research Notes 2009, 2:53 for further explanation.
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Genus |
Androsace albimontana D. Jord. & Jacquemoud
Jacquemoud, Fernand & Jordan, Denis 2020 |
Androsace albimontana
Jordan 2015: 89 |