Melanostoma mellarium (Meigen, 1822)

Speight, Martin C. D., Castella, Emmanuel & Sarthou, Jean- Pierre, 2015, Melanostoma mellarium (Meigen, 1822) (Diptera: Syrphidae) en Suisse et au Liechtenstein, avec une clef pour la distinguer des espèces proches, Entomo Helvetica 8, pp. 65-70 : 66-69

Localités de Melanostoma mellarium

Des localités de M. mellarium sont détaillées ci-dessous pour l’Irlande, le Liechtenstein, l’Ecosse, l’Espagne et la Suisse. La seule donnée française évoquée par Haarto et Ståhls (l.c.) est celle du spécimen lectotype dont la localité est imprécise («Nord de la France »). Nous incluons donc ici quelques données récentes pour la France.

Liechtenstein: Suka , Samintal, alt. 1300 m, 19.6.1987, ♂, MS; Malbun, alt. 1500 m, 4.7.1991, ♀, MS .

Suisse: Rochers de Naye ( VD), alt. 2000 m, 12.7.1991, ♂, MS; Gletsch ( VS), alt. 1800 m, ♂, ♀, MS; Van d’en Haut ( VS), alt. 1370 m, 4.6.1999, ♂, MS; Route des Paysans, Chalet à Gobet ( VD), alt. 850 m, 4.6.1994, ♀♀, MS .

Autres pays européens: France: Excenevex , Haute-Savoie , 5.7.1987, ♂, MS; Anterne , Sixt , Haute-Savoie , alt. 1800 m, 1– 15.8.2004, piège Malaise, ♀, EC / MS; Passy, Haute-Savoie , alt. 2000 m, 16– 31.7.2004, piège Malaise, ♀, EC / MS; Dent de Crolles , Hauts de Chartreuse, Isère, alt. 1700 m, 22.6– 18.8.2008, pièges Malaise, ♂♂, ♀♀, EC / MS; Granier, Hauts de Chartreuse, Isère, alt. 1700 m, 19.6– 19.8.2008, pièges Malaise, ♂♂, ♀♀, EC / MS; Forêt d’Obernai, Bas-Rhin , alt. 850 m, 3.6.1983, ♀, MS; Cirque d’Espingo, Oô, Haute-Garonne , alt. 2050–2100 m, 1– 7.7.2012, ♂♂, ♀♀, J-PS; Cirque d’Espingo, Auzat , Ariège , alt. 1950–2000 m, 1– 7.7.2007, ♂♂, ♀♀, J-PS. Irlande: M 3204, Slieve Carran, Burren , Co. Clare, 15.6.1994, ♂♂, ♀♀, MS; O 0376, Co. Louth, 4.7.1971, ♂, MS; O 1906, Co. Wicklow, alt. 350 m, 13.6.1971, ♂, MS; T 1292, Carigbinneen , Co. Wicklow, alt. 350 m, 13.6.1994, ♂♂, ♀♀, MS ; L 7157, Connemara National Park, Co. Galway, 29.6.1994, ♀, MS. Ecosse: NH 8907, Inverness , 18.6.1974, ♀♀, MS. Espagne: St.Andres de Luena, Burgos , alt. 900 m, 21.4.1978, ♂, MS; Santilliana, Santander, 21.4.1978, ♀, MS.

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Clef pour l’identification des espèces de Melanostoma en Suisse

Les populations de Melanostoma d’Europe centrale n’ont pas encore été analysées génétiquement et il n’est pas possible de prédire ce que de telles analyses pourraient révéler. La variabilité phénotypique pouvant être observée permet d’envisager que des espèces cryptiques pourraient venir s’ajouter à celles qui sont actuellement reconnues. Cette variabilité ne peut pas être traduite de façon adéquate dans une clef. Parmi les espèces reconnues par Haarto et Ståhls (2014), il n’est pas possible de décider si Melanostoma certum est identique aux populations alpines de M. dubium auctorum (nec Zetterstedt). Par commodité, cette dernière sera dénommée Melanostoma A dans la suite du texte. Ceci est dû aux différences pouvant être détectées dans les proportions du 4ème sternite des femelles. Ce dernier est donné comme étant deux fois plus large que long chez M. certum , mais il est souvent plus de deux fois plus large que long dans des populations alpines de Melanostoma A. Ce caractère distingue également ces femelles des femelles de M. mellinum . Cette différence est mentionnée dans la clef fournie ci-dessous. Ces questions semblent devoir demeurer en l’état jusqu’à la conduite d’investigations génétiques. Il convient donc de considérer cette clef comme provisoire!

1. Mâles: yeux coalescents sur le front ............................................................................... 2

– Femelles: yeux séparés sur le front ................................................................................. 5

2. Sternite 2 plus de deux fois plus long que sa largeur postérieure; longueur du corps de 8 à 11 mm (aile: jonction de la nervure transverse r-m avec la nervure R4+5 presque toujours en position basale par rapport à la jonction de la nervure Sc avec la Costa; distance entre la jonction de la nervure Sc avec la Costa et la jonction de la nervure Rs avec la Costa, plus grande que la distance entre cette dernière jonction et celle de la nervure R4+5 avec la Costa: Fig. 1 ) ........... scalare (Fabricius) Espèce très répandue en Europe dans les zones de plaine et de montagne.

– Sternite 2 moins de deux fois plus long que sa largeur postérieure; longueur du corps de 6 à 8 mm ............................................................................................................... 3

3 Pilosité de la moitié antérieure du mésoscutum comprenant de nombreux poils au moins aussi longs que la moitié de la longueur médiane du scutellum; pilosité destergites entièrement pâle (gris pâle/blanc); longueur du corps de 6 à 7 mm ........................................ certum Haarto & Ståhls de Fennoscandie + Melanostoma A de nombreuses parties des Alpes, zones montagnarde et subalpine

– Pilosité de la moitié antérieure du mésoscutum pas plus longue qu’un quart de la longueur médiane du scutellum; pilosité des tergites pâle mais comprenant quelques poils noirs notamment sur l’axe médian et près de la bordure postérieure des tergites; longueur du corps de 7 à 8 mm ........................................................................ 4 4 Sternite 2 au moins 1,5 fois plus long que sa largeur maximale; mésoscutum habituellement avec des poils noirs mélangés à la pilosité pâle (qui peut être en majeure partie noire); longueur du corps de 7 à 8 mm (front en majeure partie noir et brillant, avec une pruinosité restreinte à une bande très étroite contre les yeux) ................................................................................................ mellarium Meigen Zones montagnarde et subalpine des Iles Britanniques et des Alpes; parfois aussi à plus basse altitude.

– Sternite 2 pas plus de 1,25 fois plus long que sa largeur maximale; mésoscutum habituellement sans poils noirs (pilosité brune à gris-brune); longueur du corps de 7,5 à 8 mm .............................................................................................. mellinum (L.) + diverses formes de statut taxonomique inconnu. Taxons répandus dans les zones de plaine et de montagne, et parfois à plus haute altitude car taxons migrateurs.

5 Sternite 4 au moins deux fois plus large que long; tergites entièrement noirs ou tout au plus avec une paire de très petites taches rondes oranges sur le tergite 3; longueur du corps de 6 à 7,5 mm ..................................................... Melanostoma A de nombreuses parties des Alpes

– Sternite 4 nettement moins de deux fois plus large que long; tergites 2 à 4 (parfois seulement 3 et 4), soit avec des taches pâles soit entièrement noir; longueur du corps de 6 à 11 mm ...................................................................................... 6

6 Poils de l’arista plus ou moins redressés et, sur la moitié basale de l’arista, légèrement plus longs que la moitié du diamètre de l’arista à ce niveau; longueur du corps de 7,5 à 9 mm (jonction de la nervure transverse r-m avec la nervure R4+5 presque toujours en position basale par rapport à la jonction de la nervure Sc avec la Costa: Fig. 1 ) ..................................................................................... scalare (♀)

– Poils de l’arista plus ou moins inclinés et tous plus courts que la moitié du diamètre de l’arista à ce niveau ........................................................................................................ 7

7 Mésoscutum (mesuré entre les ailes) plus large que la largeur maximale de l’abdomen ( Fig. 2b ); longueur du corps de 7 à 8 mm (tergites habituellement avec une paire de taches pâles sur les tergites 3 et 4; tergite 2 habituellement sans paire de taches pâles, mais parfois avec deux taches orange-brun sombres; les tergites peuvent aussi être entièrement noirs; quand les taches claires sont présentes sur un tergite, elles sont confinées à la moitié antérieure du tergite: Fig. 2b ) ....................................................................................................................... mellarium (♀)

– Mésoscutum (mesuré entre les ailes) plus étroit que la largeur maximale de l’abdomen ........................................................................................................................... 8

8 Front, juste à côté de la lunule, pruineux jusqu’au bord des yeux; tergites à pilosité entièrement pâle et sans taches claires; longueur du corps de 5 à 7 mm .............................................................................................................................. certum (♀)

– Front, juste à côté de la lunule, à peine et étroitement pruineux le long des yeux, et non pruineux et fortement brillant sur l’essentiel de la largeur entre les yeux; tergites à pilosité partiellement noire et souvent avec une paire de taches claires au moins sur les tergites 3 et 4; longueur du corps de 6,5 à 8 mm ... mellinum (♀) + formes au statut taxonomique incertain, comprenant M. pumicatum

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Ecologie de Melanostoma mellarium

En assemblant les informations concernant les différentes localités où M. mellarium a été trouvée, il apparaît que dans les Alpes, l’espèce habite essentiellement les prairies non amendées, autant calcaires que neutres, dans la zone subalpine. Elle s’étend à plus basse altitude aux zones herbeuses ouvertes dans les forêts montagnardes à Larix , Picea et Abies , puis jusque dans la zone à Fagus . Apparemment, elle peut également être rencontrée dans des localités fraîches et humides à plus basse altitude. D’après les données actuelles, son occurrence en plaine demeure rare. Plus à l’Ouest, dans la zone Atlantique, M. mellarium est plus fréquente à basse altitude. A l’Ouest de l’Irlande, où le niveau de la mer peut- être considéré comme faunistiquement équivalent à une altitude de 1000 m dans les Alpes (sans les étés chauds), M. mellarium peut être trouvée le long des ruisseaux en tourbières de couverture. M. mellarium diffère donc, dans ses préférences altitudinales, de l’espèce plus fréquente Melanostoma mellinum . Cette dernière possède une distribution européenne s’étendant de l’Arctique à la Méditerranée; elle peut être rencontrée dès 300 m d’altitude jusqu’à la zone subalpine en Suisse. Elle est abondante dans les prairies de basse altitude, dans les zones herbeuses ouvertes en forêts de la zone montagnarde, ainsi qu’en prairies intensives utilisées pour l’ensilage. Elle peut également être rencontrée en grands nombres lors de migrations en altitude dans les Alpes ( Aubert et al, 1976).

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M. mellinum est polyvoltine avec une durée de génération de 5 à 6 semaines mesurée en conditions de laboratoire ( Speight 2014). M. mellarium semble au contraire univoltine, avec une période de vol s’étendant de juin à juillet dans les Alpes. Ceci apparaît dans les données acquises lors d’un piégeage par pièges Malaise à 1700 m d’altitude en Isère (France) lors de la période 2 juin – 9 septembre ( Tab. 1 ). L’espèce est absente des échantillons de la première moitié de juin et de la seconde moitié d’août. Elle est par contre systématiquement présente entre ces deux périodes. L’espèce possède la même période de vol dans la majeure partie de la zone Atlantique, mais au Sud de cette zone, elle semble pouvoir être en vol dès avril. Aucune information n’est actuellement disponible sur le cycle de vie de M. mellarium et assez peu concernant les fleurs visitées par les adultes. Les deux espèces Melanostoma mellinum et M. scalare , largement répandues en Europe, sont connues pour utiliser en particulier les fleurs de Poaceae , de Cyperaceae et de Plantago . Pour l’instant, M. mellarium a été observée visitant des fleurs d’ Euphorbia et de Ranunculus .

Figures

Fig. 1. Aile droite de Melanostoma scalare.

Fig. 2. Melanostoma mellarium, a = mâle; b = femelle (longueur 9 mm)