Aloe maningoryensis J.-P. Castillon, 2017

Jean-Philippe Castillon, 2017, Deux nouvelles espèces d’ Aloe L. (Xanthorrhoeaceae, Asphodelaceae), section Lomatophyllum Rowley, de Madagascar, Adansonia 39 (1), pp. 7-13 : 8-10

publication ID

https://doi.org/ 10.5252/a2017n1a1

DOI

https://doi.org/10.5281/zenodo.4327799

persistent identifier

https://treatment.plazi.org/id/03B24A60-FFFB-312F-FF3B-829BFAB4AB30

treatment provided by

Plazi

scientific name

Aloe maningoryensis J.-P. Castillon
status

 

Aloe maningoryensis J.-P. Castillon , sp. nov.

( Fig. 1 View FIG )

Haec planta A. occidentale affinis est sed, nominatis characteribus, praecipue distinguitur: habitu, arcuatioribus et ad basim latioribus foliis, floribus minoribus et prope primos propagines sunt.

TYPUS GoogleMaps . — Madagascar. District d’Ambatondrazaka, berges du fleuve Maningory, près du lac Alaotra, dans des lambeaux de forêt   GoogleMaps , 17°24’S, 48°43’E, 800 m, J.-B Castillon 59 (holo-, TAN).

ÉTYMOLOGIE. — La plante pousse près de la rivière Maningory.

DESCRIPTION

Plante

De grande taille, parfois acaule, elle atteint alors 80 cm de hauteur, parfois développant une tige courte et épaisse 50 cm- 1 m de long × 5-6 cm de diamètre, d’abord couchée puis redressée, sans feuilles sèches persistantes (Fig 1B). Elle ne rejette pas mais peut vivre en peuplements denses du fait de son mode de reproduction (par bulbilles et graines qui tombent et germent sur place) (Fig. 1C). Rosette de 20-30 feuilles, atteignant 2 m de large.

Feuilles

Vert vif, parfois rougeâtres au soleil (Fig. 1A, B), unies, la face inférieure légèrement plus claire, lisses, dressées-arquées, canaliculées, 60-110 × 5-8 cm, sans rétrécissement à la base, se terminant en pointe aiguë.

Épines

5 × 4 mm, assez régulièrement réparties, espacées de 6-13 mm, de même couleur que la feuille mais à bord blanc cartilagineux-corné, piquantes sans être blessantes, présentes sur toute la longueur de la feuille sauf sur les 5-7 derniers cm.

Suc

Jaune-vert sur le frais, peu abondant, peu amer.

Inflorescences

En moyenne 1 à 2, jusqu’à 3 par rosette, courbée, de longueur atteignant 50 cm. 1 à 3 ramifications, partant du même point, un peu au-dessus du milieu du pédoncule. Pédoncule et racèmes dressés mais parfois courbés sous leur poids (Fig. 1D). Pédoncule vert-rouge, 14 mm de largeur × 4 mm d’épaisseur à la base, la première ramification est à environ 30 cm; présence occasionnelle d’une bulbille.

Bractées stériles

Une première 3 cm avant la ramification du pédoncule et 4 autres après la ramification, 4 × 3 mm, blanc scarieux avec une nervure centrale épaisse noire.

Racème

Cylindro-conique, de 20 cm environ, les racèmes latéraux légèrement plus courts (18 cm), de 6 cm de largeur, assez denses (environ 20 fleurs pour 5 cm); jeunes boutons dressés, puis horizontaux, fleurs ouvertes pendantes.

Fleur ( Fig. 1 View FIG E)

Bractée triangulaire acuminée, 3 × 3 mm, blanc scarieux avec une nervure noire.

Pédicelle

11 × 1 mm, rouge, avec un bourrelet à la base du périanthe.

Périanthe

Clavé arqué, rouge-rose à extrémité blanc-vert, de 30 mm de long, de 7 mm de large au niveau de l’ovaire, puis rétréci (5 mm) enfin clavé (8 mm) et ouvert à l’extrémité (10 mm).

Segments

Soudés sur les 3/4 du périanthe, à extrémités légèrement récurvées.

Filaments

Blancs ou d’un vert très pâle, courbés de 30° environ après l’ovaire, légèrement exserts (2-3 mm).

Style

Jaune paille, inclus puis exsert de 4 mm.

Ovaire

4 × 3 mm, en forme d’obus, jaune-marron.

Fruit

Baie sphérique de 20 mm, verte puis jaune.

Graines

Noires, 7 × 5 mm, avec des arêtes et des petites ailettes (0,5 mm).

DISCUSSION

Cette nouvelle espèce est très proche de A. occidentalis (H. Perrier) Newton & Rowley, elle s’en distingue essentiellement par son port, ses tiges dépourvues de feuilles sèches, ses feuilles plus nombreuses, plus arquées, plus larges à la base et ne présentant pas le rétrécissement caractéristique de A. occidentalis, moins grasses, et armées de piquants bien plus gros, plus nombreux et plus réguliers. Les fleurs sont très semblables à celles de A. occidentalis, mais légèrement plus petites et moins colorées. A. maningoryensis est ainsi indiscutablement à classer dans le groupe de A. occidentalis (avec A. mayottensis Berger et A. megalocarpa Lavranos) mais il a certains traits qui le rapprochent aussi de A. orientalis (H. Perrier) Newton & Rowley (ses larges feuilles arquées). Cette espèce est donc particulièrement intéressante car le fait de trouver à l’intérieur des terres un Lomatophyllum à la morphologie intermédiaire entre ceux des côtes est et ouest montre le lien existant entre tous ces taxons et est un argument fort en faveur de la monophylie de la section Lomatophyllum . Les bulbilles sont un caractère important de l’espèce. En effet, c’est un caractère que l’on ne retrouve que chez des Aloe de forêts humides: chez des Lomatophyllum : A. propagulifera (Rauh) Newton & Rowley (Ambohitantely) et A. schilliana Newton & Rowley (Manongarivo), et chez des Aloe à capsules: A. rodolphei J.-B. Castillon (Andapa, Marojejy), A. leandrii Bosser (Andasibe) et A. bulbillifera Perrier (Manongarivo). Ces bulbilles permettent une colonisation rapide de l’espace, même en l’absence de fruits et les plantes qui en produisent vivent toujours en touffes denses. Il est peu probable que des espèces aussi diverses présentant ce caractère l’aient toutes acquis de manière indépendante; il est plus logique de penser qu’il s’agisse plutôt d’une aptitude ancestrale, peut-être présente mais inactive chez de nombreux autres Aloe , et qu’un habitat prolongé en forêts humides permet d’exprimer. Ceci dit, d’autres espèces de forêts humides ne présentent pas ce caractère (A. rosea (Perrier) Newton & Rowley, A. aurelienii J.-B Castillon, A. martialii J.-B. Castillon ou A. ivakoanyensis Letsara, Rakotoarisoa & Almeda par exemple pour les Lomatophyllum , A. ifanadianae J.-B. Castillon ou A. capitata var. silvicola Perrier pour les Aloe à capsules), ce qui montre que la «réactivation» du caractère n’est pas automatique; des Aloe de zones sèches, même cultivés en environnement humide, ne produiront pas de bulbilles tandis que nos Aloe à bulbilles continueront à en produire, même sur des plants issus de graines et cultivés au soleil. La production de bulbilles doit donc être considérée comme un critère important et à lui seul suffisant pour caractériser une espèce.

STATUT DE CONSERVATION

Cette plante pousse dans un lambeau de forêt, très dégradé, d’environ 2000 m ², où son unique population occupe une surface de quelques centaines de m² pour quelques dizaines d’individus. Vu la pression humaine sur cette région, je doute que cette petite forêt subsiste encore longtemps et cette petite population est vouée à disparaitre dans un avenir très proche. Il est à espérer que cette plante se retrouve plus en aval de la rivière, ou ailleurs dans une zone protégée, car toute la région du haut Maningory n’abrite quasiment plus aucune forêt primaire. La plante semble n’être connue localement que de quelques gens qui arpentent fréquemment la forêt, en particulier les producteurs de charbon de bois, qui m’ont parlé d’une autre station à quelques heures de marche. En l’absence d’autres informations sur la distribution de cette plante, un statut vulnérable (VU) me semble approprié.

TAN

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Parc de Tsimbazaza

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