Dolichovespula sylvestris (Scopoli, 1763)

Gereys, Bruno, 2024, Examen critique des synonymies des Vespidae sociaux de France métropolitaine (Hymenoptera: Vespidae) - Partie 2 (Vespinae), Faunitaxys (1982) 12 (52), pp. 1-39 : 7-10

Dolichovespula sylvestris (Scopoli, 1763)

Vespa sylvestris Scopoli, 1763

Décrit de Slovénie. Fondé sur la diagnose figurant à la Fig. 6.

Les indications biologiques fournies dans celle-ci, indiquent à l’évidence que le taxon traité appartient au genre Dolichovespula : « Habite dansles forêts,parmi les branches des arbres, où ilconstruit un rayon après l’autre, nu ou légèrement recouvert d’écorce. » (traduit du latin – Scopoli, 1763: 309).

La première partie de la description – figurant juste au-dessus des indications biologiques – ne permet pas d’avoir de certitudes sur l’identité du taxon traité: « Longueur: 6 lignes *. Diagnose: Thorax en avant avec de chaque côté une mince ligne jaune. Abdomen avec les segments ornés à la marge par une ceinture jaune courbe. » (traduit du latin Scopoli, 1763: 309).

La seconde partie – celle qui suit les indications biologiques – n'amène guère plus de précisions: « Il diffère de vulgaris ; tête jaune sauf un point médian noir, une ligne médiane noire s’étendant de l’apex au milieu; thorax en avant avec une mince ligne latérale mais sans taches triangulaires, abdomen sans points noirs. Et je ne pense pas qu’il s’agisse de l’autre sexe de l’espèce précitée [ vulgaris ], car je n’ai pas encore vu vulgaris dans ce nid. » (traduit du latin – Scopoli, 1763: 309).

Au vu du peu d’éléments fourni dans la diagnose originelle et si l'on tient compte du fait que la coloration des Vespinae est très variable, on ne peut raisonnablement avoir de certitudes sur l’identité du taxon traité. De plus, la consultation de la littérature entomologique produite de Scopoli à nos jours, ne fournit pas la moindre indication sur la localisation du type.Le taxon doit donc être considéré comme un nomen dubium.

Si l’on s’en tient à l’examen mené dans la présente section, Vespa pilosella Costa, 1858 , est le nom disponible le plus ancien pour D. sylvestris auctorum. Toutefois dans la mesure où D. sylvestris auctorum est bien défini et n’a jamais fait l’objet de la moindre confusion taxinomique et que son nom à toujours été prioritaire, celui-ci doit être maintenu en raison du principe de stabilité de la nomenclature. La désignation d’un néotype s’impose donc.

* Une ligne parisienne est équivalente à un 1/12 de pouce. Six lignes sont donc équivalentes à 2,45/12 × 6 = 1, 27 cm.

Désignation du néotype de Vespa sylvestris Scopoli, 1763 Néotype ☿ (Photo2) (déposé au MNHN),désigné pour clarifier le statut de Vespa sylvestris Scopoli, 1763 , considéré ici comme un nomen dubium. Le spécimen est porteur des étiquettes suivantes: « France, Alpes-de-Haute-Provence, Thorame-Basse (04), Cabane du Cheval Blanc, 44°06'29'' N 6°25'56''E, 1857 m., 28. VII. 1998 »; « Dolichovespula sylvestris (Scopoli, 1763) , ☿, B. Gereys, det. 1998 ».

Le spécimen désigné, n’a pas été collecté en Slovénie, mais au vu de la grande distribution de l’espèce (paléarctique),la station sélectionnée peut être considérée comme relativement proche de la localité type .

Les caractères définissant le taxon ayant été clairement exposés par plusieurs auteurs ( du Buysson, 1905: 600, 301; Beaumont, 1944: 350, 351; Guiglia, 1972: 126, 127), il est inutile d'en donner une nouvelle description.

Vespa parietum Harris, 1776

Nec Vespa parietu m Linnaeus, 1758. Fondé sur une diagnose ne permettant pas d’avoir des certitudes concernant l’identité du taxon traité: « Mesure sept lignes. Les antennes sont longues. Le corselet est noir, & a une ligne jaune à chaque côté. Le scutullum a aussi deux taches jaunes. L’abdomen est jaune, a nombre d’anneaux noirs, ou de rondes ceintures, Les jambes sont jaunes. » ( Harris, 1776: 128).

La fin de la description est accompagnée d’une référence: « Voyez Linn. Vis. 6. ». L’absence de précision sur l’ouvrage mentionné et le manque de clarté de l’abréviation « Vis. 6 » font qu’il est difficile de savoir à quelle taxon celle-ci renvoie. Toutefois, dans la mesure où aucun genre d’hyménoptère traité par Linnaeus ne peut-être abrégé en « Vis », on peut raisonnablement considérer que cette référence résulte d’une erreur de transcription. Le taxon concerné est probablement Vespa parietum Linnaeus, 1758 , traité sous le numéro 6 dans la douxième édition du Systema Naturae ( Linnaeus, 1766: 949). Ce taxon est en fait un Eumeninae .

Malgré cela, ce taxon figure – sans argumentation – comme synonyme de D. sylvestris dans la monographie de Saussure (1854: 123). La synonymie figure – toujours sans arguments – dans les catalogues de Edwards (1980: 362), de Carpenter & Kojima (1997: 62) et de Daglio (2019a: 14).

Vespa holsatica Fabricius, 1793

Fondé sur la description donnée à la Fig. 7. À la lecture de cette diagnose, il apparaît évident que l’on ne peut avoir de certitude sur l’identité du taxon traité.

Selon Latreille (1802: 288), ce taxon figure sous le nom de variété D de la guêpe commune dans Geoffroy (1762: 371).

Saussure (1854: 123, 124) le considère comme synonyme de D. sylvestris et donne à la page 125 de son ouvrage une description du taxon nettement plus précise que celle figurant dans la diagnose originelle. Sa lecture permet effectivement d’arriver à la conclusion que l’on a affaire à D. sylvestris . Mais dans la mesure où aucun spécimen type n’a été désigné, la description donnée par Saussure ne Photo 2 – Néotype de Vespa sylvestris Scopoli, 1763 (Crédit: Django Maurel et Quentin Rome). Longueur du milieu du vertex à l’apex du tergite II = 10 mm.

fait que refléter sa notion de V. holsatica . En effet, d’où Saussure tenait t-il ses informations sur la longueur de l'espace malaire: « Elle se distingue des trois premières par ses yeux qui n'atteignent pas les mandibules » ou sur la forme du clypeus: « Le chaperon est un peu moins échancré ». Le taxon est néanmoins considéré comme un synonyme de D. sylvestris dans la monographie de Blüthgen (1961: 39), ainsi que dans les catalogues de Edwards (1980: 362), de Carpenter & Kojima (1997: 62) et de Daglio (2019a: 14), mais aucuns de ces auteurs n’a argumenté sa décision. Le taxon doit donc être considéré comme un nomen dubium.

Vespa frontalis Latreille, 1802

Voir section D. media .

Vespa campanaria Shaw, 1803

Voir section suivante.

Vespa campanaria Fowler, 1833

Figure comme synonyme de D. sylvestris dans les catalogues de Carpenter & Kojima (1997: 63) et de Daglio (2019a: 14).

Les références indiquées par ces auteurs ( Fowler, 1833: 536, 538), contiennent bien le nom de Vespacampanaria dans le cadre d’une discussion, mais celui-ci n’est accompagné d’aucune description.

À la page 537 de la publication de Fowler est écrit une phrase qui peut laisser penser que John Leonard Knapp est l’auteur du taxon: « Une réponse à cette question est fournie dans le vol III (p. 195) par Wm Stowe qui considère que la « curieuse boule contenant des abeilles » est un nid de guêpes, construit soit par V. holsática Fabricius , tel qu’il est décrit dans la Cyclopaedia de Rees, soit celui de V.campànaria , tel qu’il est décrit dans le Journal of a Naturalist de Knapp. » (traduit de l’anglais, Fowler, 1833: 537).

Knapp a effectivement cité le nom V. campanaria , mais toujours dans le cadre d’une discussion et non dans celui d’une description: « Parmi celles que je connais, aucune ne me plaît plus que celle d'une guêpe solitaire ( Vespa campanaria ) qui nous visite ici de temps en temps. » (traduit de l’anglais, Knapp, 1829: 333). Outre le fait que Knapp n’est pas l’auteur du taxon, on constate donc également que le nom a été utilisé par au moins deux auteurs avant Fowler (Knapp et Stowe).

Edwards (1980: 362) signale également la synonymie campanariasylvestris, mais attribue la description de V. campanaria à Shaw (1803). La consultation du volume XV de The naturalist’s Miscellany de George Shaw contient effectivement (p. 603) une description d’une « Campanular Wasp » nommée Vespacampanaria dans l’index final. Dans la mesure où il semble qu’il n’existe pas d’occurrences antérieures du nom dans la littérature naturaliste, Vespa campanaria est bien attribuable à Shaw. Sa diagnose contient une référence à la section « La guêpe de Holstein » d’une publication de Latreille ( Latreille, 1802: 288) dont elle reproduit les figures.

Vespa anglica « Leach » Smith, 1843

Utilisé pour la première fois en tant que référence dans la section Vespa holsatica de Smith (1843: 168) , de ce fait indisponible (I.C.Z.N., 1999: Art. 11. 6).

Vespa arbustorum Blanchard, 1845

Considéré comme synonyme de D. sylvestris dans la monographie de Saussure (1854: 124) et dans le catalogue de Edwards (1980: 362).

Carpenter & Kojima (1997: 63) indiquent que Blanchard n’a nullement créé de nom nouveau, mais simplement fait référence à une espèce nommée « Guêpe des arbustes » par Réaumur.

Vespa pilosella Costa, 1858

Considéré comme un synonyme subjectif plus récent de D. sylvestris par du Buysson: « M. le D P. Magretti, de Milan, a eu la complaisance d'examiner pour moi les types de la Vespa pilosella Costa , conservés à Naples. Ce sont des ouvrières de Vespa silvestris Scop. L'illustre conservateur du Musée de Naples avait écrit de sa main sur les étiquettes que portent ces insectes: « V. silvestris ( pilosella ). Il avait reconnu la synonymie que nous indiquons. » ( du Buysson, 1905: 602). La synonymie figure dans Blüthgen (1961: 39), Edwards (1980: 362), Carpenter & Kojima (1997: 63) et Daglio (2019a: 14).

Dolichovespula xinjiangensis Lee, 1986

Décrit de Chine. Sur la base de l’examen de la série type, Archer (1993: 12) a estimé que ces spécimens correspondent à Dolichovespula asiatica Archer, 1981 et Dolichovespula sylvestris (Scopoli) . La synonymie avec ce dernier taxon est signalée dans les catalogues de Carpenter & Kojima (1997: 63) et de Daglio (2019a: 14).

Une forme et une sous-espèce de Dolichovespula sylvestris (Scopoli, 1763) ont été décrites:

Vespa silvestris var. sumptuosa du Buysson, 1905 .

Forme à coloration jaune très développée, décrite d’Iran central sur la base d’une seul ouvrière. Également distribuée en Arménie, en Turquie et en Afghanistan ( Castro & Dvořák, 2009). Le taxon est considéré comme synonyme de la forme nominative dans les catalogues de Carpenter & Kojima (1997: 63) et de Daglio 2019a: 14).

Vespula sylvestris intermedia Birula, 1930

Décrit comme une forme intermédiaire entre D. sylvestris typique et D. sylvestris sumptuosa . Considéré comme homonyme primaire plus récent de Vespa rufa var. intermedia du Buysson, 1905 par Archer (1981a: 187).

Après examen de spécimens collectés au Cachemire et en Afghanistan, correspondant à un nom ( Dolichovespula asiatica ) utilisé pour la première fois dans une note non publiée de Ian Yarrow, Archer (1981a: 187) a estimé que ceux-ci sont conspécifiques de Vespula sylvestris intermedia Birula, 1930 et constituent un taxon différant de D. sylvestris par la forme des angles antérieurs du clypeus et par la ponctuation du scutum de la femelle, ainsi que par la structure du genitalia mâle.

Dans la mesure où cet auteur estimait que V. sylvestris intermedia est un homonyme primaire, il nommé formellement son nouveau taxon D. asiatica .

Carpenter & Kojima (2002: 389) rappelle toutefois, que dans la mesure où le taxon n’a pas été décrit dans le genre Vespa , il ne peut être considéré comme un homonyme primaire de Vespa rufa var. intermedia . De fait, Vespula sylvestris intermedia figure comme un taxon à part entière ayant la priorité sur D. asiatica dans le catalogue de Daglio (2019a: 9).