Euchirograpsus tuerkayi, Crosnier, 2001

Crosnier, Alain, 2001, Grapsidae (Crustacea, Decapoda, Brachyura) d’eau profonde du Pacifique sud-ouest, Zoosystema 23 (4), pp. 783-796 : 791-794

publication ID	https://doi.org/ 10.5281/zenodo.4524780
persistent identifier	https://treatment.plazi.org/id/0387145E-C507-FFDA-FF2C-FB2AFD60BACF
treatment provided by	Felipe
scientific name	Euchirograpsus tuerkayi
status	sp. nov.

Treatment

Euchirograpsus tuerkayi View in CoL n. sp.

( Figs 3B View FIG ; 4B-7)

Euchirograpsus View in CoL sp. Poupin, 1996: 42, pl. 20 fig. e.

MATÉRIEL- TYPE. — Holotype, ♂ 30,6 × 32,1 mm, SMSRB, stn 475 (MNHN-B 27663). Allotype, ♀ 22,4 × 23,7 mm, SMSRB, stn 475 (MNHN- B 27664). Paratypes, autres spécimens mentionnés dans la liste du matériel examiné.

LOCALITÉ- TYPE. — Archipel des Tuamotu, Moruroa, 21°51,2’S, 139°00,6’W, 250 m.

ÉTYMOLOGIE. — L’espèce est dédiée à Michael Türkay dont les travaux sont essentiels pour la connaissance du groupe étudié ici.

MATÉRIEL EXAMINÉ. — Polynésie française. Archipel des Tuamotu, Récoltes au casier de J. Poupin du Service mixte de Surveillance radiologique et biologique des Armées (SMSRB). — Akiaki, stn 155, 18°32’S, 139°12’W, 260 m, 10.VI.1989, 1 ♂ 31,0 × 32,4 mm (MNHN-B 21366). — Tematangi, stn 328, 21°40,6’S, 140°30,5’W, 270 m, 27.X.1990, 1 ♂ 13,7 × 14,0 mm (MNHN-B 27673). — Moruroa, stn 207, 21°46,8’S, 138°52,1’W, 200 m, 28.XI.1989, 1 ♂ 20,2 × 20,7 mm, 1 ♀ 12,5 × 12,7 mm (USNM 308985). — Stn 475, 21°51,2’S, 139°00,6’W, 250 m, 11.IV.1995, 2 ♂ ♂ 26,5 × 27,3 mm (MNHN- B 27665) et 30,6 × 32,1 mm (MNHN-B 27663), 1 ♀ 22,4 × 23,7 mm (MNHN-B 27664). — Stn 496, 21°50,7’S, 138°57,7’W, 230 m, 2.V.1996, 1 ♂ 30,7 × 32,5mm (MNHN-B 27667), 1♀ 26,1 × 27,5 mm (MNHN-B 27666). — Fangataufa, stn 231, 22°12,0’S, 138°45,9’W, 270 m, 21.V.1990, 1 ♂ 15,9 × 16,5 mm (MNHN-B 27671). — Stn 322, 22°12,9’S, 138°43,1’W, 250 m, 23.X.1990, 1 ♀ 12,9 × 13,0 mm (MNHN-B 27672). — Stn 325, 22°17,1’S, 138°45,1’W, 290 m, 24.X.1990, 1 ♂ 20,7 × 20,8 mm (MNHN-B 27670).

TAILLE. — Un mâle a une carapace mesurant 31,0 × 32,4 mm, tandis que la plus grande femelle observée a une carapace mesurant 30,6 × 32,1 mm. Aucune femelle ovigère n’a été observée.

DISTRIBUTION. — Archipel des Tuamotu, entre 200 et 290 m de profondeur, vraisemblablement Hawaii (voir plus haut).

DESCRIPTION

Le corps est recouvert d’une pubescence régulière, fine et courte. Les péréiopodes 2-5 portent quelques longues soies.

La carapace est à peu près aussi longue que large (le rapport largeur/longueur varie entre 1,00 et 1,06), à régions faiblement marquées; ses bords latéraux sont sub-parallèles sauf dans leur partie antérieure distale où ils deviennent légèrement convergents.

Le front est large (sa largeur est voisine des deux cinquièmes de celle de la carapace) et bilobé, les lobes étant séparés par une profonde encoche en forme de U. Le bord antérieur de chaque lobe est granuleux et sinueux; la moitié interne étant la plus proéminente et presque droite, la partie externe étant en retrait et concave. Ventralement, chaque lobe est doublé par un rebord fortement sinueux et lisse, présentant une excroissance médiane arrondie qui dépasse le bord dorsal des lobes et se voit en vue dorsale.

Les orbites sont allongées transversalement. Vers le milieu de leur bord dorsal, la partie externe de ce bord vient recouvrir la partie interne ménageant une sorte de passage. Leur bord ventral forme une forte crête bordée de gros granules aigus.

Les bords latéraux de la carapace portent, chacun, quatre dents de taille fortement décroissante de l’antérieure à la postérieure. Le bord externe des trois dents antérieures est légèrement convexe, celui de la dent postérieure, droit. Les bords latéraux, en arrière de la dent postérieure, sont droits. Le bord postérieur de la carapace est droit, sa longueur est égale aux deux cinquièmes environ de la largeur de la carapace.

Le maximum de largeur de la carapace se situe au niveau de l’apex des troisièmes dents, comptées à partir de l’antérieure.

Les antennules sont repliées transversalement et légèrement en oblique.

L’article basal antennaire est 1,15 fois plus large que long; ses deux cinquièmes distaux sont formés par une expansion foliacée, légèrement incurvée ventralement, et dont le bord est garni de granules dentiformes. La longueur du flagelle antennaire est un peu supérieure au double de la longueur du pédoncule.

L’épistome est bien défini, avec une pointe médiane antérieure granuleuse et bordé, sur tout le reste de son pourtour, par une crête de fins granules.

Les troisièmes maxillipèdes sont de forme classique, avec l’angle antéro-externe du mérus légèrement étiré vers l’extérieur.

Les chélipèdes ont un ischion dont le bord antérieur supérieur porte de quatre à sept (habituellement cinq) dents spiniformes formant une crête;

le bord antérieur inférieur présente une rangée de granules. Le bord antérieur supérieur du mérus est armé de dents plus ou moins développées et épineuses sur toute sa longueur; les plus développées, de beaucoup, se trouvent sur la moitié distale du bord qui est élargi en une expansion foliacée; le bord antérieur inférieur est armé de forts granules dentiformes développés surtout sur sa moitié basale; le bord postérieur est également armé de dents plus ou moins spiniformes dont deux ou trois, situées dans la moitié distale, sont bien développées; habituellement, l’une d’entre elles, située au cinquième subdistal environ, est particulièrement forte. Le carpe porte quelques forts denticules sur son bord antérieur et, à l’angle de son bord antérieur et de son bord interne, une protubérance trituberculée. Sur sa face supérieure, le propode présente trois rangées longitudinales de tubercules plus ou moins doubles ou même triples; un ensemble de trois rangées de tubercules formant une côte en relief s’observe vers le milieu de la face externe; sur la partie inférieure de cette même face, une côte plus ou moins tuberculée s’étend jusqu’à l’extrémité du doigt fixe; en dehors de ces côtes, le propode est largement tuberculé, surtout sur sa face inférieure. Le dactyle (doigt mobile) présente une côte sur son bord supérieur et deux côtes sur sa face externe. Les doigts fixe et mobile sont armés de fortes dents triangulaires, plus ou moins développées, sur toute leur longueur.

Les péréiopodes 2-5 sont assez grêles et longs (les p3 sont environ 2,1 fois plus longs que la carapace et les p5 1,6 fois). Leurs faces supérieure et inférieure portent des stries transversales de granules; une forte épine subdistale s’observe sur la face supérieure et une autre, un peu plus faible, distale, sur la face inférieure. En outre on observe, sur la moitié distale de la face inférieure des p2, quelques granules dentiformes. Les dactyles sont longs, le rapport de leur longueur à celle des propodes est compris entre 0,82 et 0,92.

L’abdomen du mâle a ses segments 3-6 soudés, les lignes de suture demeurant bien visibles. Les 5 e et 6 e segments sont de même longueur.

Les premiers pléopodes mâles ( Fig. 5 View FIG A-D), massifs, peu recourbés sont garnis à leur extrémité de fortes soies, serrées, qui cachent entièrement la structure cornée distale. Celle-ci est petite, médiane, à bord arrondi, et creusée en cuiller. La Figure 6 View FIG représente le deuxième pléopode gauche.

Chez la femelle l’ouverture des oviductes ( Fig. 5E View FIG ) est triangulaire et obstruée par un très court phallus, large à sa base et se terminant par un petit gland plus ou moins sphérique.

Coloration

Elle semble très voisine de celle relevée chez E. timorensis (voir Fig. 4 en couleur) en particulier en ce qui concerne les bandes transversales rose-rouge sur les péréiopodes. Sur la carapace, on note une coloration générale réticulée claire et plusieurs taches rose-brun: deux petites, disposées côte à côte, sur la région mésogastrique, une, plus grosse, sur la région cardiaque et plusieurs sur le pourtour de la carapace (centre de la région frontale, voisinage des deux dents latérales postérieures, régions branchiales, région intestinale). La photo reproduite dans cet article a déjà été publiée par Poupin (1996).

REMARQUES

Parmi les Euchirograpsus , c’est de E. antillensis Turkay, 1975 , décrite des Antilles, que cette espèce est extrêmement proche. Les deux espèces, séparées à la suite de la formation de l’isthme de Panama, peuvent être considérées comme vicariantes. Une telle observation n’est pas nouvelle avec la faune de Polynésie: une, semblable, a été faite (Crosnier 1986a, b) à propos de Plesionika fenneri Crosnier, 1986 , décrite des Tuamotu et des Australes, et Plesionika laevis A. Milne Edwards, 1883 , décrite des Antilles.

Euchirograpsus tuerkayi se distingue de E. antillensis par:

– la forme des deux premières dents antérolatérales de la carapace: chez E. tuerkayi n. sp., la convexité de ces dents est telle que l’entaille séparant les deux dents est très étroite, le bord externe de la seconde dent venant directement dans le prolongement de celui de la première. Chez E. antillensis , l’apex de la seconde dent s’écarte légèrement de la base de la première et l’entaille est nettement plus large et marquée ( Fig. 7 View FIG );

– la spinulation identique dans sa disposition chez les deux espèces mais plus développée, semble-t-il, chez E. tuerkayi n. sp. Cela serait par- ticulièrement marqué sur le bord antérieur des premiers chélipèdes, sur le bord postérieur de ces mêmes chélipèdes, sur la face inférieure des deuxièmes péréiopodes. Par ailleurs, il est vraisemblable, d’après le dessin du premier pléopode mâle de E. antillensis publié par Türkay (1975: fig. 19) et celui que nous publions relatif à E. tuerkayi n. sp., que la structure cornée des pléopodes, très voisine chez les deux espèces, est un peu plus développée chez E. antillensis que chez E. tuerkayi n. sp. et à sommet moins arrondi. Türkay, qui a eu entre les mains, durant plusieurs années, une grande partie du matériel étudié dans cette note et qui, faute de temps, a fini par le ren- voyer, nous a dit avoir vu au Bishop Museum un spécimen sec en provenance des Hawaii, en mau- vais état, qui doit être identique à celui décrit ici.